Histoire du château de Preisch
Le château fort de Preisch
Édifié au Xe siècle comme poste d’avant-garde, le château fort de Preisch avait pour but de protéger le château fort de Rodemack. La région de Thionville appartenait alors à l’empire germanique. De ce fait les seigneurs de Preisch étaient à cette époque vassaux des seigneurs de Rodemack. En outre la vie de Cour avait lieu à Rodemack, Preisch n’abritait donc qu’une garnison. Albert de Preisch fut le premier seigneur de Preisch en 1122.
De l’ancien Château fort, il ne reste aujourd’hui que la motte féodale et la double douve.
Plusieurs familles se succèdent
La grande Duchesse Elisabeth de Luxembourg, épouse de Jean de Bavière en 1417. Elle confisque tous les biens situés en Luxembourg dont Rodemack et Preisch, les Seigneurs de Rodemack ayant pris parti pour le roi de France.
En 1443 la maison d’Ottange rachète la terre et la seigneurie de Preisch et en 1473 devinrent dépendant de Gerard de Rodemack .
Christophe, margrave de Bade et gouverneur de Luxembourg acquiert les domaines des Seigneurs de Rodemack et de Preisch, qui perdent de nouveau leurs domaines en 1483,
Au début du XVIe siècle, ce sont les Margraves de Bade qui sont les possesseurs de Preisch. Ainsi jouissant du droit de justice, ils font alors édifier le colombier, symbole de ce droit. A l’époque de la construction du château fort de Preisch, ce sont les seigneurs de Rodemack qui détiennent le droit de justice, mais au début du XVIe siècle, quand Preisch tombe sous la domination des Margraves de Bade, ceux-ci ayant ce privilège, ils l’installent à Preisch.
En 1500 Christophe de Bade vendit la seigneurie de Preisch à Gérard de Gulich qui la céda à nouveau en 1514 à Jean de Schawenbourg, prévôt de Luxembourg.
Jean de Schawenbourg acquiert ainsi Preisch des Margraves de Bade en 1514.
En 1576, la fille aînée de Jean de Schawenbourg, Anne, épouse de François de Mérode, hérita de la terre et seigneurie de Preisch.
Le château Renaissance
En 1624, sa petite fille Marguerite de Mérode et son époux Conrad de Soetern entreprennent la construction du château moderne qui cohabitera avec le château fort pendant 56 ans, de 1624 à 1680. Leur première idée est de construire un château en forme de L. La guerre de 30 ans interrompt ce projet déjà bien entamé, le chantier est à l’abandon. Après la guerre les travaux reprennent sous une nouvelle forme. Le grand escalier à vis (classé IMH) devait être l’escalier principal mais ne remplira jamais cette fonction : il ne servira qu‘aux domestiques dont les chambres se situaient au 2 ème étage.
L’époque moderne
Le château moderne affiche une architecture d’une grande sobriété, typique des demeures rebâties après la guerre de trente ans qui ravagea la région.
En 1659, la signature du Traité des Pyrénées entraîne l’annexion du Duché du Luxembourg à la France. En conséquence la seigneurie de Preisch devient alors dépendante de la Chambre du roi de France.
Louis XIV ordonne en 1680, en signe de paix avec les Pays Bas espagnols, la destruction du château fort. Le colombier ne se trouvant pas sur l’île qui abritait l’ancien château car construit bien plus tard, il échappe ainsi à la destruction du château fort. Milieu du XVIIIe siècle, François de Lasalle rachète Preisch, fait construire une chapelle en 1773 et un mur de 7 km qui entoure les 150 ha qui composent son domaine. Il est le premier à faire établir un plan du domaine.
Le Château de Preisch après la révolution
En 1789, le baron Charles Den Broeck acquit Preisch des héritiers de Lasalle par voie d’adjudication publique. En 1791, il racheta également le pré de la chapelle vendus révolutionnairement et l’annexa au parc.
Jacques Milleret, nouveau possesseur du domaine et receveur des finances au département des forets à Luxembourg, agrandit le parc et réunit en un tout la propriété de Preisch par suite d’une quantité d’achats et d’échanges en 1812.
Il créé le parc anglais pour mettre en valeur les douves et la motte féodale de l’ancien château fort. Il acclimate des arbres d’essence rare qui serviront de tremplin à l’introduction de nouvelles espèces au Luxembourg. Sa fille Marie-Eugénie deviendra fondatrice des sœurs de l’Assomption. Elle sera canonisée en 2008, a été baptisée dans la chapelle de Preisch.
Jacques Milleret finit par faire faillite et Madame Barbe Dejean racheta la propriété en 1833 pour la revendre en 1834 au comte Alexandre Batowski, capitaine-commandant de l’armée belge et commissaire polonais sous Napoléon, et à sa sœur la comtesse Batowska, épouse du baron de Mandell. Près de la chapelle l’on peut voir leurs tombeaux où ils sont inhumés à Preisch.
La famille actuelle propriétaire depuis 1852
Quelques années plus tard, le 22 Décembre 1852, Le baron Edouard de l’Espée et son épouse Marie-Joséphine de Gargan du Chastel. Ils achetèrent le domaine de Preisch. Ils entreprirent de restaurer le château et d’embellir le parc. Travaux que la mort prématurée du baron de l’Espée vint interrompre en 1855.
A cause du décès de son mari madame de l’Espée vendit le domaine à son frère, Charles-Joseph de Gargan cette même année. Depuis lors le Domaine de Preisch est resté dans la même famille.
En 1855, Charles Joseph de Gargan, fils de Théodore de Gargan et de Marguerite de Wendel, achète ainsi le domaine. Grand voyageur et collectionneur, il réunit une riche collection d’objets et de tableaux. Une partie a été réinstallée dans le château après l’occupation de celui-ci par les allemands en 1870 et en 1940. Mais son œuvre essentielle sera la transformation de la chapelle en un riche monument baroque inspiré de la Renaissance italienne.
Ses descendants ont perpétué la collection au fur et à mesure des générations. C’est cette collection de meubles et tableaux du XVIe siècle à nos jours qui peut être admirée aujourd’hui.
Le domaine de Preisch
Le Domaine de Preisch s’étend sur 150 hectares clos par un mur de 7 km.
En 1767 Mr. François de Lasalle (seigneur de Preisch de 1764 à 1780) édifie ce mur frontière avec le Luxembourg. Les dernières restaurations datent des guerres napoléoniennes.
Le Domaine de Preisch est un domaine qui est dans la même famille depuis 160 ans. Il comprend aujourd’hui un château de style Renaissance, la motte féodale et la double douve vestiges du château fort. Il comporte aussi un colombier, un parc de style anglais d’une trentaine d’hectares, des prairies et pâtures et enfin un bois d’une vingtaine d’hectares.
La chapelle
Pour embellir la simple chapelle construite par François de Lasalle au VXIIIe siècle, Charles Joseph de Gargan fera venir du marbre d’Italie. Il servit pour faire un sol de mosaïques et un autel monumental. Il confiera à Maître Maréchal, célèbre Maître verrier de Metz, la réalisation des vitraux. Deux d’entre eux en particulier représentent Charles Joseph tenant le château dans ses mains et son épouse Emilie Pescatore. Deux autres vitraux représentent Théodore de Gargan et Marguerite de Wendel. Il fera venir de nombreux artisans d’art pour sculpter les colonnes.
De l’ancien château fort, il fera placer les gisants de la famille de Schawenbourg ainsi que la cloche de la chapelle qui date de 1514.
Les blasons des propriétaires successifs du château de Preisch ornent les clefs de voûtes. Charles Joseph de Gargan ajoutera une sacristie et un caveau pour inhumer les membres de sa famille.
A côté de la chapelle se trouve la croix de prise de possession de Preisch. Elle est aujourd’hui classée Monument historique comme la chapelle. La Croix dite de prise de possession de la seigneurie de Preisch, par sire Jean de Schawenbourg, prévôt de Luxembourg, est un petit monument érigé en 1514, ainsi que l’indique le millésime gravé sur une stèle que surmonte la croix qui porte le christ. Le blason et les armes de la maison Schawenbourg sont sculptés Sur la stèle. On sait qu’anciennement, les actes seigneuriaux étaient portés à la connaissance des vassaux, après les offices divins, au pied de la croix de seigneurie.
Le parc du château
Trois allées bordées d’arbres desservait la grille d’entrée du parc de Preisch. La première venant de Rentienne, la seconde venant d’Evrange et la troisième venant de Mondorff. La grande grille d’entrée est soutenue par deux pavillons à étage qui servaient au logement des gardes. Ils furent construits à l’époque de M.Milleret (1815) et ont remplacé l’ancienne entrée. Ils sont classés IMH.
Un mur de 7 km clôture le parc dont François de lasalle (propriétaire des lieux de 1764 à 1780) est à l’origine. Il faut souligner que le parc renferme encore aujourd’hui une partie de la voie romaine établie entre Metz et Trèves, les bases des tourelles d’enceinte de l’ancien château fort et les douves, le château « moderne » et ses dépendances ainsi que la chapelle sainte Madeleine.
Depuis 1990, il abrite également un golf. Mais surtout, on y admire le remarquable travail de M. Milleret qui a dessiné le jardin anglais et acclimaté un grand nombre d’arbustes rares à l’époque (magnolias, cyprès-chauves , Ginkgo, Pavier…). Des bornes sont présentes pour plusieurs d’entres eux. Leur nom mais aussi d’un poème qui en explique l’essence.
M. de L’Espée s’appliqua de 1852 à 1855 à la création du jardin potager. Enfin il s’attellera aussi à la restauration du mur du parc.
M. de Gargan entreprit l’irrigation du « brill » (grand pré de 12 ha à droite de l’entrée) et son nivellement. Il fit ensuite creuser un étang de 20 ares en son centre.
De nos jours un élevage de moutons Hampshire entretient le parc. On peut y croiser également des ânes, un cheval et des vaches Belties.